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la révision des lois de bioéthiques

est le problème de tous, nous pouvons tous un jour être concernés, un frère, une soeur, un enfant, un ami, peuvent à un moment de leur vie s’en référer, réfléchir à un avenir ensemble c’est notre devoir. Voici un lien pour accéder aux domaines concernés .

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loi de bioéthique 2004 - 54.9 ko
loi de bioéthique 2004
 
synthèse d’une conférence sur le statut de l’embryon
Compte rendu conférence du 9 février 2005 (cité des sciences et de l’industrie - Paris)

« la question du statut de l’embryon a-t-elle un sens ? »

Interventions de Jean-Louis Fischer (historien au CNRS, centre Alexandre Koyré) et de Didier Sicard (président Comitél Consultatif National d’Ethique, médecin chef en médecine interne à l’hôpital Cochin)

Jean-Louis Fischer a commencé par esquisser une approche historique de notre connaissance de l’embryon, rythmée par 5 étapes ou ‘révolutions’ plus ou moins décisives. La première intervient vers la fin du 17ème siècle, lorsqu’il est établi notamment grâce à De Graaf, que l’homme, comme les autres mammifères, se reproduit par les œufs. Il constate notamment l’existence de boursouflures autour de l’ovaire qu’il prend pour des œufs, et qui vont être ‘réveillés’ par la semence de l’homme (avec le fameux schéma des 7 chambres au sein de la femme, 3 à droite pour fabriquer des filles, 3 à gauche pour les garçons et celle du milieu pour les hermaphrodites). Avec cette théorie, il appert que la femme est donc responsable du devenir de l’homme.
Afin de contrer ce principe, s’est propagé durablement et avec force le concept de l’animalculisme selon lequel, l’embryon est déjà présent à l’intérieur des animalcules (en fait les spermatozoïdes). Ainsi l’animalculisme définit-il une fonction du spermatozoïde et par là même, rend à l’homme la responsabilité du devenir de l’homme.
Parallèlement, se développe la thèse de l’ovisme, concept théologique selon lequel, les germes sont appréhendés comme pré-existants et qui s’emboîtent : l’embryon est déjà créé, complètement formé et animé dès la conception, il ne fera que grossir et grandir pendant le temps de la grossesse. Il est sacré, et le fœtus est d’ailleurs considéré comme plus important que la femme (pratique de baptême in utero).
Une deuxième étape intervient vers 1817, lorsque l’embryologie acquiert une dimension scientifique. L’embryon est alors interprété comme un ensemble de tissus, le mouvement de couches cellulaires (feuillets). Le mécanisme de son développement est désormais compris. Ensuite vers 1860, Haeckel diffuse la pensée que l’homme est le résultat d’une évolution, et que l’embryon retrace tous les moments de cette évolution (le fameux principe de l’ontogenèse -transformation de l’être- récapitulative de la phylogenèse -transformation de l’espèce-). L’embryon ne prend sa forme humaine qu’à partir de la naissance, auparavant il n’est qu’animal.
Une quatrième étape prend corps lorsque l’embryologie devient expérimentale, lorsque les tout premiers gestes sur une cellule d’embryon (blastomère) sont effectués. Il apparaît alors que certains embryons régulent et d’autre non. On s’aperçoit que les cellules de l’embryon humain dans ses premiers jours sont totipotentes, elles régulent (chaque cellule est capable de créer un organisme entier) alors que pour d’autres espèces animales les embryons ne régulent pas (cellules non totipotentes).
Enfin, une cinquième coupure s’inscrit à la fin du 20ème siècle, avec la naissance du premier bébé conçu in vitro, Louise Brown : pour la première fois, l’embryon se forme à l’extérieur du corps de la mère. C’est le début de la biomédecine, du développement des procréations médicalement assistées (PMA). Elles introduisent une modification sensible, un concept révolutionnaire dans notre approche de l’embryon. Ce dernier est devenu un interlocuteur, il se distingue de la mère avant même la naissance, dès la conception et même pendant la grossesse (l’utérus devient transparent avec l’avènement de l’échographie). Du coup plusieurs interprétations de l’embryon voient le jour selon qu’il est envisagé d’un point de vue scientifique, théologique ou politique. Mais toutes ont en commun d’en appeler au droit, au juriste afin de légiférer. La justification du statut de l’embryon est donc tout à fait contemporaine et intrinsèquement liée au développement des PMA, qui suscite encore de nos jours beaucoup d’interrogations.

Après ce résumé de l’histoire de notre connaissance de l’embryon, Didier Sicard a pris la parole pour aborder l’aspect éthique, philosophique de la question. Il précise d’abord qu’il ne se considère pas lui-même comme éthicien, et que la question du statut de l’embryon lui paraît agaçante voire vaniteuse. Il estime à juste titre que tout le monde est amené à s’interroger un jour ou l’autre sur le sens de la vie, sur la fin de l’existence ou le début de la vie embryonnaire. Beaucoup d’entre nous souhaitent donner un sens rationnel à ce mystère de la vie. Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE), qui a été créé en 1983 (peu après la naissance d’Amandine, le premier bébé né suite à une fécondation in vitro en France), a été maintes fois sollicité pour soumettre une définition de l’embryon.
Deux concepts ont découlé des discussions menées : l’embryon est une ‘personne humaine potentielle’ et l’embryon est une ‘potentialité de personne humaine’. Depuis 22 ans la question n’est toujours pas véritablement tranchée. Toutefois, le CCNE a rendu un avis, des recommandations sur une proposition de statut. Quelques remarques préliminaires peuvent éclairer notre réflexion.
La première appelle à la prise de conscience de la différence excessive qui apparaît nettement entre le statut du fœtus (déshumanisé jusqu’à avoir été considéré par des jugements de justice comme une sorte de ‘déchet anatomique’) et celui de l’embryon (sacralisé, porteur d’une réflexion existentielle).
Par ailleurs, l’assistance aux procréations médicalement assistées a semble-t-il ramené l’embryon a une prestation de service (basculement d’une question philosophique vers une question simplement pratique).
On oscille entre une personnalisation excessive pour certains (le hasard de la fusion de deux gamètes doit être respecté) à une dépersonnalisation de la vie prénatale (les frigos des laboratoires pleins d’embryons).
Pour évoquer l’embryon, on parle de grumeau de cellules, de personne, de chose : qui croire ?
La science a permis que la procréation soit devenue contrôlée, un acte volontaire, émanation d’un désir de plus en plus conscient. Mais l’embryon in vitro (projet thérapeutique) a aujourd’hui un statut très différent de celui de l’embryon in vivo (qui est extrêmement protégé). La plupart des nations cherchent à ajuster un statut qui leur laisse l’opportunité de l’étudier (biologie de la reproduction). Par exemple en Grande-Bretagne, l’embryon n’est estimé sacré, réputé intouchable, qu’à partir du 14ème jour après la conception (étape du développement du système nerveux qui marquerait le vrai début de l’embryon comme future personne humaine).
De son côté, le droit sollicite une définition invariable, déterminée. Il souhaite séparer la personne de la chose, or l’embryon n’est ni l’une ni l’autre. Dès lors, comment l’envisager : une sous-personne ? une troisième catégorie (mi-chose, mi-personne), autant de conceptualisations qui ne satisfont pas. La réification (transformation de l’humain en chose) de l’embryon gêne passablement.
Un être humain naît dans une histoire. L’embryon ne naît pas tout seul, mais à la périphérie d’une histoire. Nous sommes à la fois prisonniers de cette histoire et libres (par la connaissance). L’être humain est animal, mais cette conscience même nous rend humains, nous sort de l’animalité. Enfin, la religion met en exergue le rapport entre l’âme et le corps. Ces questions (l’embryon a-t-il une âme ? quelle âme rend l’embryon humain ? à quel moment du développement de l’embryon apparaît l’âme) imprègnent notre interrogation sur le sens du statut que l’on peut donner à l’embryon. Pour Platon, l’embryon est animé (âme pré-existante, se réincarne). Pour Aristote, l’âme est extérieure au corps, elle est un élément qui transcende la vie et n’intègre pas l’embryon, la semence (avant 40 jours pour les garçons et 80 jours pour les filles). Les différentes confessions se sont prononcées sur ce sujet avec plus ou moins de rigorisme et ont intégré cette notion a leurs principes fondateurs.

Pour conclure, on peut souligner que la question du statut a un sens selon l’approche adoptée, si elle est appréciée à partir de l’histoire même de notre regard sur l’embryon au cours des siècles. Cette histoire de notre regard sur l’embryon nous confère un sens à nous-mêmes, nous pousse à nous regarder nous-mêmes, comme si nous étions à la recherche de notre propre statut.
Il semble finalement que tous les discours sur l’embryon nous en apprennent plus sur nous-mêmes que sur l’embryon lui-même, que la volonté de statuer sur l’embryon provient plus d’un besoin de rassurer, d’encadrer les pratiques que la science a formidablement rendues possibles avec les progrès fulgurants accomplis depuis la fin du vingtième siècle dans le domaine de la médecine de reproduction (pma, clonage etc... ), et pas simplement d’une question éthique ou de nécessité.
L’embryon transcende ces réflexions, incarnation d’un projet parental, il est alors porteur d’une promesse de vie qui s’accompagne d’une infinitude de diversités, d’une myriade d’accomplissements, d’écoulements potentiels. La vie d’une richesse si illimitée et absolue, qu’elle n’a pas besoin de statut.